Lettre ouverte à Monsieur Carcenac

Vallée du Testet, le 18 mars 2014

Monsieur Thierry CARCENAC

Président du Conseil Général du Tarn

81000 Albi

 

LETTRE OUVERTE, copie à la presse

Monsieur,

Le courrier que nous a adressé le vice-président de votre assemblée Michel Albarède le 28 février a retenu toute notre attention. Il y expose en premier lieu le souhait de nous voir modérer nos propos au sujet du rôle d’André Cabot dans cette affaire de projet de barrage de Sivens, et secundo, de nous voir nous concentrer à valoriser nos idées.

Pour la première partie, nous sommes au regret de vous annoncer que nous ne sommes pas en mesure de donner une suite favorable à son souhait. Si vous voulez bien relire le principe de l’article 10 de la convention européenne des droits de l’homme :
« La liberté d’expression vaut non seulement pour les « informations » ou « idées » accueillies avec faveur ou considérées comme inoffensives ou indifférentes, mais aussi pour celles qui heurtent, choquent ou inquiètent : ainsi le veulent le pluralisme, la tolérance et l’esprit d’ouverture sans lesquels, il n’est pas de « société démocratique ». »

Nous affirmons que le Conseil Général sert des intérêts particuliers en voulant détruire la vallée du Testet par son projet de barrage. Il est facile de dresser la liste des bénéficiaires de l’ouvrage. La CACG se situe tout en haut de cette liste. Nous constatons que celui qui, à titre de membre du conseil d’administration de la CACG, veut un barrage sur le Tescou pour le développement économique de son entreprise, est aussi celui qui porte le dossier au Conseil Général et à l’Agence de l’Eau : Monsieur André Cabot. N’y a-t-il pas là un conflit d’intérêt ? Les intérêts de Monsieur Cabot, en tant que fabricant et exploitant de retenues d’eau, n’entrent-ils pas en conflit avec les intérêts de Monsieur Cabot, élu au Conseil Général, autorisant la construction de la même retenue d’eau, et en conflit avec les intérêts de Monsieur Cabot, membre de l’Agence de l’Eau Adour Garonne qui finance le même projet de retenue d’eau ?

C’est la question que nous posons naturellement, qui certes peut vous choquer, vous heurter par amitié personnelle pour André Cabot, mais qui participe à la société démocratique, que vous le vouliez ou non. Nous n’avons rien contre la personne de Monsieur Cabot, ni haine ni mépris ni volonté de lui nuire personnellement. Nous décrivons la situation telle que nous la voyons et nous nous interrogeons sur son adéquation vis-à-vis des principes de notre société démocratique, des principes qui sont d’un intérêt supérieur aux amitiés de Monsieur Albarède. Il n’est pas trop tard pour vous interroger aussi, avant que l’irrémédiable ne soit commis et que vous en portiez une lourde responsabilité pour longtemps.

En ce qui concerne le deuxième souhait de Monsieur Albarède, par contre, c’est avec plaisir que nous répondons favorablement, et développons nos idées qui bouillonnent.

Nous voulons coopérer pour préserver notre Terre et donc notre vie sur Terre. Mais pour coopérer, il faut être plusieurs. Vous ne semblez pas disposés à coopérer pour atteindre ce but essentiel de préservation du patrimoine commun. Vous semblez disposés au contraire à tenter de considérer que nous ne sommes rien. Vous tentez d’imposer ce projet par la force en prétextant que le processus démocratique s’est déroulé normalement. Mais la vérité, c’est que l’enquête publique a conclu à un avis défavorable. Puisque le commissaire enquêteur a conditionné son avis favorable au fait que le CNPN (Conseil National pour la Protection de la Nature) donne lui aussi un avis favorable. Puisque le CNPN a rendu un avis défavorable, vous auriez du abandonner ce projet. Ici, vous enfreignez les règles, vous trichez. Avec ce projet, vous trompez la confiance que les électeurs ont placé en vous. En poursuivant les étapes de la construction du barrage, vous insultez les peuples de cette planète par vos agissements antidémocratiques.

La vallée du Testet serait donc transformée en un immense champ de boue. La vallée de la mort, c’est cela que vous programmez. Il n’y a pas de facteur d’échelle, « qui vole un œuf, vole un bœuf » disait la morale d’une fable ancienne. Et bien aujourd’hui, nous disons « qui sème la mort au Testet sème la mort partout ».

Par ailleurs, dans la lettre de Monsieur Albarède, il y a cette phrase qui nous a choqué : « je ne connais pas les détails du projet ». A l’instar de cet élu, nous sommes très occupés dans nos vies et pourtant, nous connaissons les détails du projet. Mais peu importe, Monsieur Albarède sous-entend que notre opposition au projet prend sa source dans les « détails » du projet. Que ce projet ait reçu un avis défavorable à l’enquête publique est-il donc un détail aux yeux d’un élu ? Que le dimensionnement du barrage soit 3 fois plus important que nécessaire, gaspillant ainsi l’argent public pour les intérêts financier de la CACG payée au pourcentage et de quelques agriculteurs privés, dont la plupart ont déjà des réserves d’eau est-il donc un détail aux yeux d’un élu ? Que les besoins calculés du débit d’étiage ne soient plus en rapport avec la réalité des besoins est-il donc un détail aux yeux d’un élu ? Que l’on détruise la dernière zone humide de la vallée du Tescou alors qu’il est de la compétence obligatoire du conseil général de les préserver est-il donc un détail aux yeux d’un élu ? Que des solutions alternatives existent permettant de préserver notre patrimoine naturel est-il donc un détail aux yeux d’un élu ? Si tous ces éléments sont des détails, où est l’essentiel ???

Pour finir, encore une fois Monsieur Carcenac, vu la mobilisation grandissante contre ce projet, vu les retards accumulés, et vu les revers que vous prendriez en poussant jusqu’au bout votre logique destructrice, nous vous conjurons d’abandonner enfin le barrage sur le Tescou et d’organiser des états généraux de la gestion de l’eau en vue d’une coopération active de la population pour cultiver au mieux cette terre, tout en préservant les espaces sauvages.

Avec toute notre considération.

24 février : une lettre ouverte a été écrite par le Collectif Tant qu’il y aura des Bouilles à l’adresse de Monsieur Carcenac, Président du Conseil général du Tarn, ainsi qu’à tous les conseillers généraux du Tarn.

Pour que son impact soit maximum, ce message est à diffuser à tous vos réseaux qui se mobilisent pour annuler ce projet scandaleux.

Vous pouvez écrire à M. Carcenac, le président du Conseil général du Tarn et à votre conseiller général (liste) si vous êtes du Tarn.

M. Thierry CARCENAC
Président du conseil général du Tarn
hôtel du département
81013 ALBI Cedex.

M.(ou Mme) Prénom NOM
conseiller(ère) général du canton de ZZ
hôtel du département
81013 ALBI Cedex

Dans cette lettre mettez-y vos arguments, ce qui vous scandalise.

Ce que vous devez savoir et tenir compte en rédigeant votre courrier :

M. PAGES du canton de Vabre s’est prononcé contre le barrage.
MM. FOISSAC et ENTRAYGUES se sont prononcé pour un moratoire.

Tous les autres Conseillers généraux se sont prononcés pour, mais certains probablement suivent les porteurs du projet (MM. CABOT et PAULIN)

Faites attention de rester respectueux de la personne humaine car il ne sert à rien d’insulter les personnes, si ce n’est de les rendre agressives d’y trouver prétexte pour rejeter vos arguments et, dans une autre mesure de prendre le risque d’être attaqué en justice pour insulte ou diffamation.

Si c’est une lettre ouverte, merci d’envoyer une copie électronique sur l’adresse mail des bouilles (collectifbouilles@riseup.net) et si votre lettre est privée merci, tout de même de nous signaler son envoi afin que nous estimions l’impact de cette campagne.

Merci de votre soutien et votre implication !

2 réflexions au sujet de « Lettre ouverte à Monsieur Carcenac »

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