Sivens 2019 – Journée contre la répression des mouvements sociaux et des classes populaires

Le 26 octobre, des habitant.es du Tarn et d’ailleurs organisent une journée contre la répression des mouvements sociaux et des classes populaires, après un an de lutte et de répression des Gilets jaunes, 5 ans après la mort de Rémi Fraisse et maintenant que le projet de barrage à Sivens refait surface.

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Le 25 octobre 2014, À Sivens, quelques milliers de personnes étaient rassemblées en opposition à un projet de barrage que la justice allait déclarer illégal quelques temps plus tard. Contrairement à ce qu’il avait promis, le préfet envoya des escadrons de gendarmerie pour faire du maintien de l’ordre au prétexte de protéger un bout de grillage. Dans la nuit, le 26 octobre à 2h du matin, alors qu’il demandait aux gendarmes de calmer leur offensive, Rémi Fraisse trouva la mort sur le site de Sivens, la nuque éclatée par une grenade offensive de la gendarmerie.

De l’écocide à l’homicide

5 ans plus tard, on se souvient ; et le souvenir est d’autant plus vif qu’un prétendu « projet de territoire » entaché de dysfonctionnements remet le barrage de Sivens sous les projecteurs par un coup de bluff politico-médiatique. Un barrage qui serait inepte et absurde, parce que on sait que tels ouvrages aggravent la pénurie d’eau loin d’en être une solution ; un barrage qui porterait atteinte à une précieuse zone humide, déjà meurtrie par les outrages qu’elle a subis 5 ans plus tôt. Bref, un barrage qui sonne comme un affront fait à la mémoire de Rémi Fraisse, comme un déni de l’urgence climatique, comme la preuve de la puissance d’un agrobusiness plus soucieux de faire des profits que préoccupé par la nécessité de nourrir les habitant.e.s du territoire.

5 ans plus tard, le souvenir est d’autant plus vif que les violences policières se perpétuent et s’intensifient : 35 décès aux mains des forces de l’ordre françaises en 2017 et une trentaine les quatre autres dernières années. Aux noms de Rémi Fraisse, d’Adama Traoré, de Liu Shaoyao, de Zineb Redouane est venu récemment s’ajouter celui de Steve Maia Caniço, jeune Nantais, mort d’avoir participé à la fête de la musique, noyé dans la Loire où l’avait précipité une charge de police à la violence démesurée, abusive, inexplicable. Et la « justice » fait toujours aussi bien son travail : 89 violences policières avérées ayant eu lieu entre 2005 et 2015 n’ont abouti qu’à 7 condamnations, une seule à de la prison ferme…

À ces morts, dont les forces de « l’ordre » portent la responsabilité, s’ajoute la longue liste des blessé.e.s et des mutilé.e.s, des gardé.e.s à vue, des incarcéré.e.s, des humilié.e.s. Tou.te.s sont victimes de la répression d’un État qui, au service d’une classe dominante, considère comme un affront toute tentative de progrès social, ne tolère plus la contestation, cherche à éteindre les mouvements sociaux portés par les classes populaires et autres opprimé.e.s. En marche vers l’écocide libéral, la République française écrase, mutile et tue les classes populaires et tout ce qui résiste à son ordre mortifère.

Le 26 octobre 2019, en souvenir de la mort de Rémi Fraisse, pour réaffirmer notre volonté d’une société plus humaine et respectueuse de la nature, notre refus d’un barrage et de tout projet nuisible que voudrait nous imposer l’ordre capitaliste, pour l’acte 50 des Gilets Jaunes, le collectif Tant qu’il y aura des Bouilles organise une grande journée sur le thème de la répression des mouvements sociaux et des classes populaires. Ce sera l’occasion de témoigner, d’échanger, de s’informer sur les mouvements sociaux en cours, les luttes de territoire, l’actualité de Sivens. Ce sera aussi l’occasion de construire ensemble la résistance…

Ici comme partout ailleurs, le désastre s’étend autant que la résistance s’organise

Au programme : Retour ligne manuel
- 10h à la Maison de la Forêt à Sivens : Balade contée Retour ligne manuel
- 12h Place de la Libération à Gaillac : pique-nique Retour ligne manuel
- 14h Place de la Libération à Gaillac : rassemblement Retour ligne manuel
- 19h au rond-point GJ de Leclerc : repas

Tant qu’il y aura des Bouilles
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Sivens – Communiqué de presse du Collectif des Bouilles

SIVENS : FAIRE BARRAGE

Lundi 9 septembre, le projet de territoire du bassin du Tescou a franchi une nouvelle étape. Cet épisode a révélé la mascarade que constitue ce prétendu “projet exemplaire de co-construction”. Depuis le début du processus, informations réelles et données scientifiques peinent à émerger face à la pression politique et à l’avidité brutale du lobby agricole qui biaisent les débats. Le texte issu de cette réunion a ainsi toute l’ambiguïté d’une langue de bois habilement maîtrisée par celles et ceux qui œuvrent à la fabrique du consentement. En effet, ce texte dit tout et son contraire, sonne différemment selon qu’il est interprété par les opposant.e.s au barrage ou par ses partisan.e.s. “Consentement” ou “consensus”, “ouvrage” ou “retenue”, les mots employés semblent volontairement rechercher l’équivoque. Ce qui apparaît, avec clarté et évidence, c’est le flou qu’entretient cette décision finale, un flou destiné sans doute à faire avaler toutes les couleuvres.

Il est regrettable et scandaleux que des élu.e.s, amplement relayé.e.s par les médias, jouent sur l’ambiguïté de ce texte pour le plier dans le sens qui leur convient, celui d’un soi-disant consensus qui serait obtenu pour la construction d’un barrage. Cela relève, à nos yeux, d’une volonté délibérée de manipuler l’opinion publique.

Nous ne sommes pas dupes de ces malversations langagières : habitant.e.s du Tarn et du monde, attaché.e.s à notre territoire, et plus largement attaché.e.s à la protection d’une nature dangereusement menacée par la prédation capitaliste, nous exprimons sans ambages notre opposition à tout barrage sur le Tescou.

Nous récusons la légitimité de ce projet de territoire, qui n’est exemplaire qu’aux yeux du président du Conseil Départemental et de ses conseillers-ères, inféodé.e.s au lobby de l’agrobusiness et happé.e.s par leurs ambitions politiques plutôt que préoccupé.e.s par la défense du bien commun. Nous rappelons que ce projet de territoire a été entaché de dysfonctionnements et caractérisé par des pratiques douteuses qu’ont pu dénoncer certains des acteurs ; que le collège de citoyen.ne.s tiré.e.s au sort qu’il devait comporter ne fut qu’une entité fantoche ; que les participant-e-s qui le constituent ne représentent en aucun cas la population et que leur majorité s’est évertuée depuis le début à le réduire à la question du barrage alors qu’il prétend être un “projet de territoire”. La décision à laquelle il a abouti le 9 septembre ne témoigne nullement d’un souci de l’urgence climatique, de la volonté de promouvoir une agriculture relocalisée et respectueuse de la nature, d’une réflexion pour œuvrer à la réduction nécessaire des besoins en eau.

Contre cette décision et son manque de clarté, face aux destructions généralisées et irréversibles du capitalisme, nos arguments en faveur d’une agriculture réellement écologique et soutenable tout autant que notre attachement à la préservation de notre territoire sont plus que jamais d’actualité. À l’irresponsabilité des décideurs départementaux, nous opposerons donc à nouveau une détermination à la hauteur des enjeux du moment.

Collectif Tant qu’il y aura des bouilles